8. Un regard préventif sur
la crise de la Covid-19

Une société avertie en vaut deux

Éclairer tout un pays durant une crise internationale, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais c’est la tâche de Pierre Van Damme, vaccinologue à l’Université d’Anvers. Il combine désormais son emploi de professeur à plein temps avec un rôle de conseiller bénévole auprès des gouvernements belge et flamand. Dans une crise comme celle-ci, chacun doit jouer son rôle.

Pierre Van Damme parle d’expérience. Il a dirigé avec son épouse un cabinet médical dans la région anversoise, pour se tourner ensuite vers la recherche dans le domaine des maladies infectieuses. Il siège depuis 2019 dans le Conseil d’administration de Mensura, il guide la recherche en épidémiologie et vaccinologie vers de nouveaux horizons, et il fait tout cela en combinaison avec son travail à l’Université d’Anvers. « En tant que professeur, il est de mon devoir de fournir, en plus de mes tâches d’enseignement et de recherche, un service à la société. C’est ce que nous faisons en temps normal, mais en période de crise, il faut mettre des bouchées doubles. Avec les collègues experts, on s’efforce de faire le maximum. Je considère que Mensura fait partie de ces acteurs. Quand, lors d’un conseil d’administration, la question s’est posée de notre engagement dans la crise, il n’y a pas eu une seconde d’hésitation. Et la manière a dépassé toutes les attentes : Mensura a permis aux entreprises de continuer à fonctionner, a mis sur pied un helpdesk et a mobilisé ses collaborateurs au profit de la société – c’est bien plus que sa mission légale. Ce n’est pas une question de pouvoir, mais de vouloir. Sortir du cadre habituel demande du temps et un engagement de la part de toute l’équipe. Mensura a fait plus que cela. »

De la théorie à la pratique

Dans la collaboration qui s’est mise en place durant la crise, Pierre van Damme a découvert combien l’organisation de Mensura était pratique et efficace : « Souvent, les grandes lignes directrices restent théoriques. Alors il faut des gens capables de les traduire dans la réalité, d’une manière sûre et réaliste. Avec le savoir-faire humain et l’expertise dont Mensura dispose en interne, on peut compter sur un partenaire efficace sur le terrain. » Mais l’impact de Mensura se fait sentir au-delà de la seule réalité du terrain : « Ce n’est pas seulement un pas, mais une dimension plus loin, que va Mensura, en s’impliquant dans une série d’études cliniques qui pourraient mener à l’approbation d’un cinquième vaccin ainsi qu’à la possibilité de vacciner plus de personnes avec les vaccins disponibles, grâce à un dosage adapté. Il s’agit de chercher ensemble des solutions réalistes qui donnent des résultats rapides. »

Mensura traduit les lignes directrices théoriques en des instruments sûrs et pratiques pour les entreprises belges.
Pierre Van Damme Professeur d’épidémiologie à l’Université d’Anvers

Une bonne préparation, c’est déjà la moitié du travail

Ce n’est pas la première crise à laquelle Pierre a affaire au cours de sa carrière. « En 1984, je terminais mes études avec mon épouse. C’est peu après cela que nous avons été confrontés à l’épidémie du sida, qui a sévi durement à Anvers. Cela a éveillé mon intérêt pour l’épidémiologie et la vaccinologie, qui allait déterminer la suite de ma carrière. » Ce passé trouve un écho aujourd’hui, alors qu’il est un des experts qui conseillent le gouvernement dans ses décisions. Pourtant, sa préférence va à une approche préventive de ce type de crises. « Si la pandémie a quelque chose à nous apprendre, c’est que nous étions insuffisamment préparés. Cette impréparation est étroitement liée à la manière dont les moyens financiers sont alloués dans le domaine du bien-être. Nous observons aujourd’hui une préférence marquée pour le curatif, qui intervient lorsque les problèmes sont déjà là. Pourtant, une bonne préparation est décisive et donne aux entreprises la souplesse nécessaire pour réagir à de nouveaux changements. » Mais comment se prépare-t-on, en tant qu’entreprise, à un avenir incertain ? « En accordant suffisamment d’attention et de respect à chaque individu. En travaillant ensemble, avec toutes les parties prenantes, à une feuille de route commune. Qu’avez-vous appris de la crise ? Où résident vos forces ? Qu’est-ce qui s’est mal passé, et surtout : comment l’éviter à l’avenir ? En commençant par faire une pause et réfléchir, on peut ensuite avancer plus vite. »

La crise nous apprend que la prévention peut être une question de vie ou de mort.
Pierre Van Damme Professeur d’épidémiologie à l’Université d’Anvers

Passer des entreprises aux communautés

L’un des outils pour travailler de manière préventive, ce sont les données. « C’est une source d’information qui permet d’entreprendre des actions ciblées. Et je ne pense pas seulement au niveau de l’entreprise : le travail a un impact sur la circulation, l’enseignement, la santé, la qualité de vie des citoyens. Je vois un rôle d’avenir pour Mensura dans le conseil aux villes et communautés, sur base des données. Comment pouvons-nous améliorer la mobilité ? Est-il possible de faire concorder les heures de travail aux horaires des écoles dans une région ? En participant à ces discussions, Mensura devient un partenaire au sein d’écosystèmes élargis. C’est avec le même regard prospectif que le professeur Van Damme envisage le bien-être : « Au début de ma carrière, j’ai travaillé durant une année en tant que médecin du travail, une discipline qui me passionne toujours. Maintenir les travailleurs en bonne santé, cela commence dans le cadre du travail, mais cela ne s’y limite pas. Se sentir bien au travail est nécessaire pour vivre en bonne santé. Les entreprises qui accordent suffisamment d’attention aux collaborateurs ne fournissent pas seulement du bon boulot, elles apportent une contribution à la société. »

Prochaine leçon La prédiction en matière de bien-être, pour éviter les défaillances