9.
L’usage prédictif des données
transforme profondément notre approche
du bien-être
La prédiction en matière de bien-être, pour éviter les défaillances
Mesurer une chose aussi abstraite que le « bien-être » est un travail à plein temps. Mathieu Verbrugghe, Manager Research & Development chez Mensura, s’y attèle avec passion. Sa tâche est de faire parler les données dans un contexte scientifique et pratique élargi. Le fil rouge de cette conversation, ce ne sont pas les chiffres, mais bien la compréhension qui les sous-tend. Et celle-ci part toujours de l’humain.
Mathieu a étudié la psychologie à la KU Leuven et a décroché peu après un doctorat en sciences de la santé à l’Université de Gand. À première vue, ces études ne trahissent pas un intérêt particulier pour les données. Celui-ci est apparu sur le tas : « Les données existent sous diverses formes, mais ce sont les gens qui donnent sens aux chiffres. En exploitant intelligemment les données des employés, Mensura parvient à faire la différence dans la vie de milliers de personnes. Pensez par exemple aux chauffeurs routiers. Grâce aux données, nous pouvons détecter les travailleurs ayant un risque de défaillance plus élevé. » Une source d’information précieuse pour l’employeur, mais l’employé y trouve aussi un avantage : « Bien que les conditions de travail aient une importance considérable, elles ne sont qu’un aspect des choses. Notre but est que les employés soient mobilisés de manière durable. L’aspect humain mérite aussi notre attention. Avec des astuces et des conseils sur mesure, nous motivons les travailleurs à prendre en main leur bien-être. Et nous contribuons à un travail plus soutenable. »
Mensura a la collaboration dans le sang. Cela démarre en interne, entre les collègues : « Nous avons une bib qui rassemble les connaissances acquises au niveau international. En 2020, on y a traité plus de 2.000 questions de clients et de collaborateurs. À côté de cela, nous avons un département Business & Intelligence, cette structure fournit les données que nous rassemblons. Elle crée le cadre, le terrain de jeu sur lequel nous travaillons.
Le terrain de jeu de Mathieu, c’est le lieu où la science et la pratique s’enrichissent mutuellement. Son travail consiste à partager avec la communauté scientifique toutes les connaissances rassemblées chez Mensura, et vice-versa. Cela se fait par la présentation de résultats d’étude lors de congrès internationaux, par la publication dans des revues scientifiques, mais aussi en se basant sur des produits tangibles : « Chaque nouveau produit introduit par Mensura chez ses clients est construit sur une base scientifique et testé à plusieurs reprises. Quand les résultats sont prometteurs, nous déployons le service à plus grande échelle. Nous voyons alors l’impact de nos recherches s’inscrire dans la pratique. »
Selon Mathieu, la recherche n’a d’intérêt que si d’autres peuvent en apprendre quelque chose. Faire du bien-être une priorité suppose une collaboration intense au sein d’un réseau (inter)national d’universités, de centres de recherche, de gouvernements et de clients. Mathieu évoque un exemple récent : « Dans le cadre d’une collaboration avec Sciensano, Mensura a mis sur pied, en un temps record, une étude comparative dans les maisons de repos. Les résidents testés positifs et négatifs à la Covid-19 ont été suivi de près : comment a évolué l’état de santé au sein de ces deux groupes ? Quels symptômes ont-ils développés ? Comment ont-ils réagi au vaccin ? Ces projets exigent une grande implication de toutes les parties, mais ils sont très motivants car ils nous permettent d’être utiles en nous servant de notre expertise scientifique. »
Prédire l’avenir grâce au big data
Mathieu démontre qu’il est possible de rendre compréhensible l’impact du bien-être, comme de n’importe quel autre investissement : « Quand on investit, on veut en obtenir un rendement. Ce n’est pas différent dans le domaine du bien-être. En captant les données des travailleurs et en en faisant un compte-rendu clair, nous rendons l’effet des interventions concret pour l’employeur. » Et cela ouvre à nouveau des possibilités. En combinant les enseignements de la recherche scientifique et des tests pratiques, les bénéfices du bien-être peuvent être mis en lumière efficacement.
À travers les lunettes du big data, l’approche préventive du bien-être au travail peut être élevée à un niveau supérieur, car nous pouvons travailler de manière prédictive. Passer du ROI à un bénéfice à long terme : en utilisant les données, nous pouvons intervenir avant que le problème ne se pose : « En coulisse, on travaille déjà à de tels modèles. Nous voulons aider nos clients à s’engager dans un trajet de croissance personnalisé : quelles actions sont les plus utiles à mener dans un premier temps ? Quels en seront précisément les effets ? Les données nous permettent de mesurer les bénéfices du bien-être au travail et de réaliser des prédictions pour éviter les défaillances. »