2. En finir avec
le certificat médical

De contrôler à coordonner

33%. C’est l’augmentation du taux d’absentéisme en Belgique lors des 10 dernières années. Un chiffre qui ne baissera pas soudainement après l’épisode de la Covid. Le coût de l’absentéisme pour les entreprises s’élève en moyenne à plus de 1200 euros par an et par travailleur. Pour Bart Teuwen, expert en absentéisme, cela montre qu’il est urgent de revoir l’approche traditionnelle de cette question. En tant que directeur général de Certimed, leader sur le marché de la médecine de contrôle, il est partisan d’une gestion durable et positive de l’absentéisme : une approche qui vise à prévenir les absences et à remettre les personnes le plus rapidement possible au travail. Selon lui, un changement de mentalité est nécessaire en Belgique.

« Dans notre pays, le médecin contrôle est encore trop souvent utilisé pour faire peur ou comme moyen de pression. C’est une conséquence d’une vision dépassée de l’absentéisme. Notre législation date des années 90 et se focalise sur le contrôle pur. Notre vision de la médecine de contrôle « 2.0 » voit les choses de manière plus large. Nous plaidons pour un rôle de tri dans la première phase de l’absence, durant laquelle nous aborderions immédiatement la possibilité d’une reprise du travail. Lorsque cela est nécessaire, et en concertation, nous pouvons rapidement réorienter les personnes vers le médecin du travail, un psychologue ou d’autres acteurs pertinents pour travailler sur la résistance ou initier un trajet de réintégration. Nos médecins ne sont pas des épouvantails, ils viennent avec des solutions. Une approche constructive qui convainc aussi lors de l’engagement de nouveaux médecins. »

L’approche de Certimed est orientée vers l’aide à la reprise du travail. En concertation avec l’employé, l’employeur et le médecin traitant, Certimed contribue à recréer un contexte de travail positif. « C’est évidemment dans l’intérêt de l’employeur, mais avant tout, c’est bon pour l’employé. Les gens se sentent mieux quand ils peuvent à nouveau se rendre utiles. »

C’est une approche assez unique et nouvelle pour la Belgique, mais dans les pays voisins, ils sont bien plus avancés dans ce domaine. Bart a longtemps été médecin du travail aux Pays-Bas. Il a importé ces principes positifs et les a appliqués chez Certimed. « Il ne s’agit pas de copier aveuglément, mais le principe fondamental est le même. En particulier, le fait d’aborder l’absentéisme à partir de ce qui est possible et non seulement par le côté négatif. Dans la grande majorité des cas, l’employé souhaite continuer à travailler, et cela est possible par exemple en adaptant la liste des tâches, l’horaire de travail ou en aménageant le lieu de travail. »

Le dialogue comme point de départ

Cette approche constructive, Certimed la concrétise dans un plan en 5 étapes, pour une gestion durable et positive de l’absentéisme. Ce plan prend en compte tous les aspects de l’absentéisme et accompagne les clients pas à pas vers un bénéfice à long terme. Dans cette approche, l’établissement d’un dialogue bienveillant est le fil rouge :

« Le mot « absentéisme » est lui-même une notion chargée qui est souvent sensible lors des discussions entre employeur et employé. Mais c’est justement en nommant les choses que l’on peut déminer le terrain. Ne pas mettre la tête dans le sable et accepter de faire de l’absentéisme un sujet de discussion, de préférence avant même que le problème se pose, c’est la première étape. C’est possible par exemple en renversant la perspective et en parlant d’employabilité. En prenant le problème par son côté positif, on transforme la méfiance en confiance. »

Beaucoup d’entreprises ont établi des règles relatives aux congés de maladie, mais n’ont pas de vision. Certimed leur indique comment leur gestion peut évoluer et quels profits ils pourront en tirer. Nous analysons les chiffres des absences, détectons les points de blocage et formulons un plan pour une gestion des absences conçu sur mesure pour l’organisation. Ensuite, nous les aidons à implémenter et à pérenniser cette approche. Nous aidons les dirigeants à comprendre les avantages et nous les formons à mener des discussions sur le thème de l’absence au travail. Le « retour sur investissement » est réel et double : il y a un impact direct sur les chiffres, et moins d’absences signifie plus de rentabilité pour l’organisation. Mais il y a aussi l’aspect humain. Quand une entreprise a un plan et conclut des accords clairs avec les employés, cela fournit un cadre en cas de problème. Quand des difficultés se présentent, chacun sait à quoi s’en tenir. Les discussions délicates sont alors menées dans une compréhension mutuelle et dans l’intérêt de chacun. »

Un changement de mentalité qui doit se traduire dans la législation

En général, lorsque les gens décrochent du travail, beaucoup de choses se sont passées en amont – ou ne se sont pas passées. Le problème de l’absentéisme doit être considéré dans sa totalité. La réglementation actuelle, qui établit une distinction stricte entre médecin du travail et médecin contrôle, doit et peut être adaptée. Alors que les entreprises ont compris depuis longtemps qu’elles doivent évoluer d’un modèle répressif à un modèle préventif, la législation est toujours à la traîne. « Dans le cadre légal actuel, le principe de méfiance est toujours présent. Nous plaidons ouvertement pour en finir avec ces règles archaïques qui sont un frein à la santé des personnes. Il est crucial d’engager des négociations entre toutes les parties. Il est absurde de devoir « prouver » qu’on est malade. Le certificat médical ne peut pas être la seule réponse. D’ailleurs, toutes les absences n’ont pas une origine médicale. Un papier ne règle donc pas les problèmes. Des conseils et un accompagnement de qualité sont bien plus efficaces. »

Autre fait saillant : les maladies de longues durées ne peuvent être activées par l’employeur qu’après 4 mois. Or, après 6 semaines d’absence, 80% des collaborateurs ont besoin d’être aidés pour leur retour au travail. « Plus long est l’arrêt de travail, plus difficile est la reprise. Lors des maladies de longue durée, garder le contact est essentiel pour éviter une déconnexion totale avec le travail. Il est dans l’intérêt de chacun d’aborder le retour au travail le plus rapidement possible et dans une approche constructive. »

De contrôler à conseiller

Avec un réseau de 300 médecins contrôle, Certimed effectue chaque année 170.000 contrôles pour plus de 5000 clients, et traite 350.000 certificats médicaux. Certimed s’appuie sur cette vision globale pour améliorer la politique de prévention de ses clients. « Nous avons une vue d’ensemble des motifs d’absence et nous sommes donc capables, en nous basant sur l’analyse des chiffres d’absences, de détecter plus facilement les nœuds problématiques. Les outils digitaux nous aident, ainsi que nos clients, dans la transition vers une gestion positive de l’absentéisme. Nous lançons ainsi une application qui non seulement allège les aspects pratiques et administratifs de la gestion des absences, mais favorise aussi le dialogue entre dirigeants et employés. De cette façon, nos clients peuvent accorder encore plus d’attention à leurs collaborateurs. »

Un changement complet d’approche, du contrôle à la prévention, cela prendra du temps. Entretemps, il est devenu évident que le simple contrôle n’est qu’un aspect des choses. « Dans 90% des contrôles, Certimed confirme le diagnostic du médecin. Le bénéfice de la médecine de contrôle ne réside donc pas dans la vérification du diagnostic, mais bien dans le conseil en vue de la reprise du travail. Cette expertise est disponible dans notre organisation. Et elle sera nécessaire, le nombre de malades de longue durée ayant doublé en 15 ans, pour atteindre un chiffre supérieur à 500.000. Et tandis que l’inaptitude au travail continue de grimper, nous constatons un recul du nombre de médecins généralistes qui acceptent d’effectuer des contrôles. C’est pourquoi nous montons au créneau pour que cette perspective positive sur l’absentéisme s’impose largement, tant auprès des médecins belges que chez nos clients et auprès des autorités. »

Le premier jour de maladie doit être le premier jour du trajet de retour au travail.
Bart Teuwen Directeur général Certimed
Prochaine leçon Le changement commence par soi-même